« La droite a t-elle perdu la guerre culturelle ? »

Interview de Jordan Peterson par un journaliste du Telegraph. Transcription française ci-dessous, simplifiée ou adaptée. Se référer à l’original pour celui qui cherche une source fiable. Je suggère fortement à tout candidat de la droite républicaine de s’en inspirer s’il veut avoir une chance de retenir l’attention d’un nombre stratégique d’électeurs. Edouard Philippe notamment, s’il veut sortir du syndrome Juppé, ferait bien de fortifier son argumentaire.

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  • La droite manque d’une vision
  • Elle se laisse traîner par l’extrême gauche dans un jeu (de combat) d’arrière-garde
  • Elle n’arrive pas à proposer une histoire qui captive la jeunesse
  • Comme le conservateur est consciencieux (les conservateurs sont consciencieux par nature), il se laisse aisément hisser sur l’étendard de la culpabilité
  • Et l’extrême gauche excelle dans cet art
  • La droite ne sait pas articuler ses propres principes (en partie parce que les conservateurs tendent à être des pragmatiques, la tête dans les faits et moins dans l’abstraction, elle pense peu par concepts mais justement par principes)
  • Le problème est que le pragmatisme n’est pas inspirant. Les Républicains présentent leur stratégie politique de façon procédurale, ce qui est très sérieux mais cela n’est pas assez efficace contre le messianisme de la gauche.
  • Ils se laissent donc traîner vers la gauche un pas après l’autre. Parce qu’ils ne sont pas assez conceptuels, ils font des stratèges assez limités. Par exemple : elle ne réalise pas qu’elle instruit le néomarxisme dans sa façon de former ses professeurs, de les sélectionner, elle forme des idéologues qui se retournent contre eux. Le corps enseignant, qui instruit les enfants, est majoritairement très à gauche, au plus loin de la réalité pragmatique de l’activité privée. C’est la responsabilité de la droite en grande partie. Il n’est pas étonnant que la droite perde du terrain si elle forme des idéologues de gauche et leur attribue la mission de former les citoyens.
  • Ils ne sont pas visionnaires. Le pragmatisme tend à maintenir l’attention sur ce qui a marché, obstruant le regard vers ce qui n’a pas encore été exploré.
  • La droite a le droit traditionnel de leur côté et c’est un atout majeur mais cela peut être bouleversé par la pression persistant des extrémistes politiques sur l’institution.
  • En particulier les égocentriques psychotiques qui prospèrent sur le chaos. Ceux-là sont prêts à renverser le jeu entièrement dans l’espoir de naviguer parmi les ruines et danser dans les flammes.
  • La question qu’il faut poser à la gauche et qui reste non répondue : quand est-ce que la gauche va trop loin ?
  • La dark triad est la version féminine des comportements antisociaux : détruire la réputation, manipuler en arrière-plan, dénigrement, rumeurs. C’est ce que se mettent à faire les hommes d’extrême gauche. Ce qui permet cela, c’est surtout les sociétés de médias qui contrôlent les réseaux sociaux, qui prospèrent sur ce type de comportements anti-sociaux.
  • Tout ce qu’on fait dans la vie est une question de foi. La foi n’est pas le fait de croire en des choses qui n’existent pas. You set your fate on some sets of propositions, because you have to act out despite of your ignorance. En dernier ressort, il s’agit toujours d’aller de l’avant malgré l’incertitude, l’ignorance. Soit tu avances dans l’incertitude en te basant sur des principes (a set of principles) soit tu avances dans l’hésitation (by wavering).
  • Exemple : “dis ce dont tu as besoin pour sauver ta peau sur le moment.” Cela signifie que vous croyez au principe de tromperie. Cela signifie que vous avez foi au pouvoir du mensonge. Et on sait qui dirige le royaume du mensonge, Satan.
  • Ou, alternativement, vous pouvez placer votre foi en la vérité. Vous posez alors que le fait de dire la vérité et agir selon ce qu’on pense être le vrai est en soi la meilleure chose qui peut arriver. Cela signifie aussi : indépendamment des conséquences pour soi.
  • Si tu optes pour le mensonge comme principe, tu sais bien que tu peux sortir d’un embouteillage en passant par la bande d’arrêt d’urgence une fois, deux fois mais le principe va te suivre et le retour de bâton ne tardera pas à se produire. Tout le monde sait cela intuitivement. Mais beaucoup y cèdent quand même, par faiblesse de caractère.
  • Ou alors tu peux choisir de dire parfois la vérité, parfois le mensonge mais alors le résultat sera un personnage installé dans une grande confusion. Alors on joue les deux extrêmes contre le milieu pour voir ce qu’il se produit. Dieu sait si cette stratégie est décevante. Dans la Bible, le jour où Jésus revient, le pire sort est réservé à celui qui joue à cela, à cheval sur la bordure qui sépare les extrêmes.
  • Et donc, si vous êtes sage et un certain sens du courage, vous vous contentez de dire ce que vous à dire et vous laissez le diable prendre le dessus, et c’est ce que vous faites si vous devenez dissident. Mais au moins si tu dis ce que tu penses toi, ce qui t’arrive est ton histoire, elle t’appartient. Alors que si tu t’engages dans le mensonge, ce n’est pas ton histoire, et Dieu seul sait à qui elle appartient ni ce à quoi elle sert, en fin de compte. Donc celui qui ment pour s’en sortir ne chemine vers vers son propre destin mais celui du mensonge lui-même. Tu crois que c’est une bonne idée ? Tente ! Qu’est-ce qui te fait croire que le mensonge apporte quelque bénéfice ? Tu crois que mentir à ton partenaire va te servir ? Ou à un membre de ta famille, ou à tes clients. Chacun sait que cela ne fonctionne pas. Il y aura toujours des gens pour essayer quand même, faire semblant que tout va bien, mais personne n’enseigne à son enfant que la meilleure façon de se comporter est de dire à l’autre uniquement ce qu’il a envie d’entendre et si tu dois tricher pour obtenir quelque chose, n’hésite pas parce que c’est ce que font les personnes dotées de bon sens. Chacun sait que ça ne marche pas comme ça. Certains la jouent comme ça, mais personne n’y croit comme principe.
  • Qu’est-ce qui est préférable : avoir de mon côté une réalité parfaitement fausse / ou une petite parcelle de vérité que j’arrive à gérer. Je prends la deuxième option, pour ma part, merci. Et si cela signifie que je dois m’ériger contre mon idiot de gouvernement, ainsi soit-il, je suis bien plus apeuré par le mensonge que par Macron.
  • Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les systèmes éducatifs occidentaux ont été pris d’assault par l’idée illusoire que l’autoritarisme était un phénomène uniquement associé à l’extrême droite. Dire que c’est une illusion est un euphémisme. Staline, Lénine, Pol Pot, Mao… combien d’exemples faut-il encore ? on ne manque pourtant pas d’illustrations pour bien voir que l’autoritarisme vient tout aussi bien de la gauche. Le jeu de la chance à ce propos est de prétendre soit que cela n’existe pas soit que ce ne sont que des exemples d’une mauvaise application des principes d’une théorie par ailleurs parfaitement fonctionnelle, sans pourtant parvenir à le démontrer une seule fois.
  • Je demandais à un ami pourquoi pendant la période soviétique les juifs ne se sont pas plus explicitement opposés aux politiques d’extrême gauche et il m’a répondu “parce que c’était la seule offre politique qui nous offrait l’espoir d’une fraternité universelle.” C’est d’ailleurs la différence entre le fascisme et le communisme : ce dernier dit “nous pouvons tous être frères.” C’est une doctrine attrayante ! Au moment de la révolution bolchévique, ça ne devait pas paraître si évident que cette révolution communiste était vouée à l’échec. Maintenant c’est évident parce qu’il y a l’histoire pour le dire, si le mot évidence ou preuve signifie bien encore quelque chose pour vous. C’est attrayant, cette idée d’égalité parce que c’est ce qu’on veut pour nos familles et de même pour la fraternité qui est un rêve paradisiaque certainement. Bien-sûr, au coeur de la doctrine communiste, gisent là des stratégies politiques meurtrièrement contre-productives. Pourtant, ça sonne à la base comme une proposition idéale : chacun va se contenter de produire exactement ce dont il a besoin. C’est le paradis, sur le papier ! Cela implique que tout le monde peut obtenir ce dont il a exactement besoin. Evidemment, plus implicitement, la question se pose de ce que signifie précisément un besoin, ce qui définit un besoin primordial, ce n’est déjà plus si évident. Et alors les problématiques se multiplient : qui définit les compétences de chacun, et comment mesure t-on la valeur de la contribution dans les limites de ses compétences ? Est-ce qu’on dit que la limite est lorsqu’une personne arrive encore à se tenir debout ?
  • Bien sûr, il y a ces slogans sur papier glacé, terriblement attrayants, slogan d’ailleurs signifie slewag et garam qui veut dire “cri de guerre” et “mort”. À partir de là, vous trouvez pléthore d’idiots utiles plus ou moins motivés par la compassion et surtout prêts à utiliser la compassion comme camouflage pour les plus psychotiques. Mais en apparence, ça ressemble à quelque chose de désirable. Et la gauche de ne cesser de s’en réclamer, en disant “c’était vraiment une bonne idée, et regardez toutes ces choses terribles que produit le capitalisme, et ce capitalisme qui concentre le pouvoir et la richesse entre les mains d’une minorité de privilégiés dans des cercles de plus en plus restreints,” ce qui est effectivement le cas en effet, mais comme tous les autres systèmes économiques jamais inventés ou découverts, en produisent. Ce n’est donc pas imputable particulièrement au capitalisme (mais plutôt à des lois naturelles comme la distribution de Paretto et le résultat de tout jeu qui implique de la créativité, y compris au Monopoly).
  • Donc si vous ajoutez à l’imputation arbitraire des méfaits de la hiérarchie au capitalisme, celle du rêve de fraternité universelle ainsi que la volonté affirmée de renverser tous les efforts permis par le capitalisme, et que vous mettez tout cela dans l’esprit de professeurs qui l’enseignent à leur tour à vos enfants, parce qu’eux-mêmes n’ont pas la moindre idée de ce qui s’est passé au 20è siècle, parce qu’en fait ils n’ont pas la moindre idée à propos de rien, vous arrivez à une situation où les postures les plus extrêmes de la gauche radicale sont pour le moins excusées, voire justifiées, si ce n’est franchement adoubées. Sans parler de ceux qui balaient l’histoire d’un revers de main et prétendent qu’elle ne témoigne pas de ce qu’est le “vrai communisme”, attitude de l’ignorant irresponsable.
  • On aime s’imaginer que les régimes autoritaires s’installent par le sommet, à cause de personnages tyranniques et singuliers qui dictent leurs préceptes avec autorité sur une foule contrainte à ne pas réagir. Mais il en va autrement. Bien-sûr, Mao, Hitler, Staline ont inventé ou repris, répandu et instruit leurs idées à travers les foules et cela est leur responsabilité. Mais ce qui caractérise le mouvement des foules dans l’installation des régimes autoritaires, c’est la propension de chacun à mentir. Un État totalitaire est dirigé par le mensonge. Le mensonge est le principe premier de la gouvernance et toute personne qui ment en devient sa complice. Vous connaissez la blague soviétique : “nous faisions semblant de travailler, ils faisaient semblant de nous payer”. Un régime totalitaire n’est pas un état habité par des masses qui aspirent profondément à la liberté et qui se retrouveraient subitement écrasées par le pouce d’un tyran. Il s’agit plutôt qu’un lieu où tout le monde à propos d’absolument tout et à tout le monde et tout le temps. Parfois, le mensonge se contente d’un silence.
  • Mon prochain livre commence par l’histoire de Jonas. De ce qu’on en connait, Jonas se contente de suivre ses propres intérêts. Alors il entendit une voix. Il apparaît que c’est la voix de la conscience. Il est déjà établi, à l’époque, dans le corpus biblique, que cette voix est celle de la conscience. Cette voix lui dit : “tu sais, cette ville nomme Nineveh ?”. Cette ville est une ville remplie d’étrangers d’ailleurs, et des ennemis d’Israël, donc pas particulièrement une ville susceptible d’inspirer de la sympathie de sa part. Et vice-versa. Dieu demande donc : “connais-tu cette ville ?” Jonas répond qu’il la connaît. Dieu poursuit : “Ils ont sérieusement déraillé là-bas et je songe à les débrancher. Auparavant, j’aimerais que tu te rends sur place et que tu les informes à propos de mes intentions et de leurs transgressions.” Jonas se dit intérieurement : “Je n’en ai rien à faire, des habitants de cette ville. Ils sont des ennemis d’Israël et ils sont environ 120000 personnes, je ne vois pas très bien comment je pourrais convaincre autant de personnes hostiles, ils ne m’écouteront jamais. Et ce serait un voyage particulièrement éprouvant. La probabilité d’une fin tragique pour moi est très élevée.” Et par conséquent il se résout à cette réponse toute simple : “Non.” Et il se dépêcha de monter sur un bateau pour s’éloigner au plus vite dans la direction opposée à la Nineveh.
  • Il réagit ainsi comme toute personne sensée se serait comportée et comme tout le monde a l’habitude de faire face ce genre de dilemme qui n’en est pas vraiment un. C’est alors qu’éclata une tempête. Les vagues se firent toujours plus hautes et le vent toujours plus fort jusqu’à ce que le navire menace de chavirer. C’est ce qui se passe quand vous vous êtes abstenue parler alors que vous auriez du ouvrir votre bouche. Et donc les marins, qui sont plutôt du genre superstitieux en général, se dirent : “il doit y avoir quelqu’un sur ce bateau qui irrite les Dieux. Ils se plongent alors dans la liste des passagers et demandent à chacun s’ils ont une raison d’être en mauvaise grace. Jonas admet qu’il a bien reçu un commandement qu’il n’a pas respecté, qu’il est celui qui doit être blâmé. Les marins n’ont d’autre choix que de ne jeter par-dessus bord. Ils ne le firent pas par cruauté, non. Ils le firent par nécessité. La situation est que Jonas a fui sa conscience, a mis tout un équipage en danger et maintenant le voilà qu’il se noie. On peut se dire : “c’est triste, parce qu’il va mourir”. Comme si ce n’était pas assez tragique comme cela, une créature des abysses surgit des fonds marins et s’en saisit entre ses mâchoires pour l’emporter au plus profond de l’enfer. Et c’est l’enfer! En seulement 3 jours, exactement comme Jésus sur le chemin de la crucifixion, Jonas est passé de sa réalité banale à l’enfer. Qu’est-ce que ça veut dire ? Que si tu ne dis pas ce que tu as à dire quand tu dois le dire, non seulement tu mets tout le monde en danger, non seulement tu finis dans une situation tragique toi-même, mais il se passera alors quelque chose qui te fera regretter de ne pas être mort avant. Ce n’est qu’alors, du fin fonds des entrailles de la réalité, parce qu’il n’a pas dit ce qu’il aurait du dire, qu’il se repent. Enfin. “Très bien, j’ai compris la leçon. Maintenant que j’ai vu l’enfer de mes propres yeux, j’irai à Nineveh comme tu me l’as ordonné et alors le monstre marin entreprend de le ramener au rivage pour le rendre à la surface. Il se rendit à Nineveh, leur dit ce qu’il avait à dire et contre toute attente, les habitants se repentirent à leur tour. Ils ne lui portèrent pas atteinte, sans doute parce qu’il manifestait enfin le courage de ses convictions. Dieu leur évita la destruction.
  • C’est la morale de l’histoire : tu retiens ta langue à tes risques et périls. C’est le péché d’omission. Les gens sont aisément enclin à passer leur tour lorsqu’il s’agit de dire à haute voix ce qu’ils savent être la vérité, parce qu’ils ne comprennent pas spontanément l’intérêt pour eux de s’exposer quand les autres manquent aussi de courage. Tu cherches une raison ? Quoi que tu fasses, tu es exposé de toute façon. Autant le faire pour la bonne cause, non ? Les gens ont du mal à comprendre cela dans nos sociétés modernes et faussement sécurisées.
  • Quand Lord et Abraham vont visiter Sodom, Abraham négocie avec Dieu, parce que Dieu s’apprête à débrancher Sodom. Dieu dit que toute la ville est corrompue, qu’elle ne mérite pas d’être maintenue. Abraham dit : et si 40 habitants de Sodom s’avèrent ne pas être corrompus, sauveras-tu la ville ? Dieu répondit que oui. Et si 30 ne sont pas corrompus, sauveras-tu la ville ? Dieu répondit “tu pousses un jeu ta chance mais oui”. Et si 20 seulement ne sont pas corrompus. Et il finit par emporter la négociation sur la base de 10 incorruptibles.
  • Ce que cela signifie, c’est que tant que 10 personnes disent encore la vérité, il y a de l’espoir. Si on descend en dessous et qu’on tend vers zéro, qu’il n’y a plus personne pour dire la vérité, les portes de l’enfer s’ouvrent en grand, c’est fini. Le feu et le souffre peuvent pleuvoir sur la ville. Il n’y a pas besoin d’une masse énorme de gens pour lever la main et signaler leur opposition, il suffit de quelques-uns déterminés à défendre leurs convictions.
  • Solzhenitsyn était typiquement un homme de cette trempe alors qu’il avait de bonnes raisons de se contenter du statut de victime, étant emprisonné à la fois par la volonté de Staline et de Hitler. Celui qui cherche quelqu’un à blamer devrait pouvoir se suffire de deux auteurs de cette qualité. Mais Solzhenitsyn a vu dans les camps 2 choses : d’une part que des personnes religieuses se comportaient encore de façon noble même dans les pires conditions. D’autre part que c’était les prisonniers qui dirigeaient les camps. Ils étaient asservis à la leur propre servitude. Il réalisa que la façon dont il avait conduit sa vie jusque là avait quelque chose à voir avec cette situation. Il se dit que c’était peut-être typiquement son comportement qui avait mené à toute cette horreur. Par cette auto-critique, il réalise ce que Dostoevsky prescrivait sous la forme “tout homme est responsable de ce qui lui arrive mais aussi de ce qui arrive aux autres.” Cela peut paraître fou de raisonner comme ça mais ça ne l’est pas tout à fait : si tu suis l’injonction évangélique, disons, c’est-à-dire si tu te comportais de façon aussi parfaite que la perfection de ton Père aux Cieux, à quel point le monde serait-il meilleur ? La réponse est qu’on ne sait pas. Si tu devenais la version la plus brillante et scintillante de toi-même, Dieu seul sait le bien que tu pourrais accomplir ici-bas. La vie sert précisément à cela : à réaliser par soi-même l’impact de ses décisions sur la réalité.

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